L'étonnante géographie des cimetières Parisiens
Avez-vous déjà essayé d’imaginer le nombre total de personnes ayant vécu à Paris depuis le début de l’histoire de Paris ?
Si oui, vous avez probablement aussi déjà pensé au nombre d’individu décédé à Paris et à qui il a fallu offrir une sépulture. Cette idée est assez vertigineuse. Je ne me hasarderai pas à fournir un chiffre. Je n’ai d’ailleurs pas la moindre idée de comment le calculer. Mais on peut honnêtement supposer que la grande majorité de ces individus ont trouvé le repos dans un des cimetières parisiens.
Et la géographie des cimetières parisiens est pour le moins déroutante. Première spécificité locale, les cimetières ne sont pas accolés à un monument religieux comme c’est le cas habituellement. Exception faite des cimetières de Charonne (église St-Germain-de-Charonne) et du Calvaire (église St-Pierre de Montmartre). Ce n’était pas le cas historiquement, mais le manque de place a contraint de nombreux cimetières à s’agrandir en s’éloignant des lieux de culte.
Paris et sa population augmentant, le besoin en sépulture va lui aussi croissant. En 1860, Paris décide de l’annexion des communes se trouvant à l’intérieur de l’enceinte de Thiers construite 20 ans auparavant. Et c’est précisément lors de cette annexion que se joue le sort de la majorité des cimetières parisiens. On distingue 3 cas :
Les cimetières des communes complètement incluses dans l’enceinte sont naturellement intégrés à Paris, c’est le cas de Belleville, Grenelle, Vaugirard et La Villette.
Pour les communes se trouvant à cheval de l’enceinte et qui disparaissent lors de l’annexion, les cimetières sont eux aussi intégrés à la ville. C’est logique pour les cimetières se trouvant à l’intérieur de l’enceinte, ceux de Bercy, Passy, Auteuil, Batignolles, Montmartre et Charonne. Ça l’est moins pour celui de La Chapelle, au-delà de l’enceinte, et encore aujourd’hui au-delà de la limite géographique de Paris.
Enfin, pour les communes qui continuent d’exister malgré l’amputation d’une partie de leur territoire dans l’annexion, il faut différencier 2 cas. Les cimetières des communes de St-Mandé, Charenton-le-pont, Montrouge et Gentilly ne se trouvaient pas à l’intérieur de l’enceinte en 1860, mais sont aujourd’hui dans Paris. Ces cimetières, relativement petits, sont toujours propriétés de leur ville respective. À l’inverse, les cimetières de St-Ouen, Pantin, Bagneux et Ivry - hors enceinte - mais franchement grands, ont été intégré par la ville lors de l’annexion.
Dernière bizarrerie, le cimetière parisien de Thiais a été ouvert en 1929 par la ville de Paris sur la commune de Thiais. À noter que tout le monde n’adhérait pas au projet, le conseil municipal de Thiais de l’époque a démisionné collectivement en signe de protestation.
Pour être complet, il existe dans Paris 2 cimetières privés, le cimetière de Picpus (qui accueille les personnes exécutées pendant la Terreur et leurs descendants), et le cimetière des Juifs portugais.